Voyager responsable et écolo, c’est possible ?

Il n’est pas si difficile d’adopter les réflexes du touriste responsable, écolo et respectueux. Vacances ou voyages riment souvent avec détente et absence de contrainte, et on oublie rapidement toutes les bonnes habitudes écolos que l’on adoptait chez soi. Pourtant ces petits gestes responsables ne devraient pas se laisser à la maison, mais au contraire trouver place dans notre sac à dos, d’autant plus que les touristes ont un leur part de responsabilité dans la pollution et la surconsommation que l’on observe de par le monde.

Satanés sacs plastiques

Nous avons arpenté les ruelles de Cotonou (Bénin), d’Ho Chi Minh (Vietnam), de Vientiane (Laos) et de Kuala Lumpur, nous avons constaté que les sacs plastiques sont partout. À chaque échoppe, gargote, caisse de supermarché, marchand à la sauvette, les sacs plastiques se distribuent en veux-tu en voilà et les consommateurs ne s’en privent pas.

Et sitôt utilisés sitôt jetés, souvent à même la rue, les poubelles n’existant pas toujours (ce n’est qu’à l’autre bout de la ville que ô miracle incongru, une poubelle !). Bref, on se retrouve envahis par ces sacs plastiques. Le volume de ces derniers utilisés dans le monde est considérable. Les États-Unis, à eux seuls, consomment — et surtout jettent — plus de 100 milliards de sacs plastiques par an ! Cerise sur le gâteau, 1 % à 3 % seulement seront recyclés, le reste « disparait » dans la nature.

pollution sacs plastiques

Ils se retrouvent notamment dans les océans, véritable décharge, où chaque année, des milliers d’oiseaux et de mammifères marins sont tués par étouffement ou par strangulation par ces sacs plastiques. Ajoutons-y le fait qu’ils ne sont pas biodégradables et qu’ils mettent un bon millier d’années pour se décomposer (en polluant le sol ou l’eau dans lequel ils se trouvent lorsqu’ils se décomposent). Et couronnons le tout en rappelant que ces sacs sont faits à partir d’hydrocarbures, alors que nous savons tous que le pétrole est une ressource naturelle non renouvelable et de plus en plus rare.

Baleines et sacs plastiques-Ysope

Que pouvons-nous faire ? Tout simplement revenir au bon vieux cabas ou sac à dos et refuser les sacs plastiques. Ce réflexe s’emporte en vacances ou en baroude (si si) et même si le vendeur de mangues vous prendra pour un fou, vous aurez fait un geste responsable et écolo. Et de un !

refuser sacs plastiques

N’ayez pas les yeux plus gros que le ventre !

Le gaspillage alimentaire est aussi une réalité omniprésente, et ce dans tous les pays. En tant que touriste, on est souvent tenté par la nourriture abondante et peu chère dans les pays du sud et la commande excède souvent la consommation réelle.

Rappelons que le monde peut produire assez d’aliments pour nourrir les 7 milliards d’habitants de la planète. Malgré cela, 82 pays n’ont pas suffisamment de nourriture pour faire vivre l’ensemble de la population décemment. En France, nous jetons en moyenne 21 % des aliments que nous achetons, ce qui représente 5,6 millions de tonnes de déchets alimentaires par an, soit 89,9 kg par an et par habitant. Le coût de cet impressionnant gaspillage alimentaire s’élève à 430 euros par an et par habitant.

À l’échelle mondiale, 1,3 milliard de tonnes d’aliments sont perdues ou gaspillées chaque année, soit un tiers de la production alimentaire mondiale.

gaspillage alimentaire

Là encore il est possible de lutter contre cet immense gaspillage. Quand on peut choisir la quantité que l’on souhaite manger (échoppes, gargotes, buffets des restaurants, etc.), n’ayons pas les yeux plus gros que le ventre. Sinon, n’hésitez pas à partager votre repas avec votre voisin de table 😉 La convivialité sera toujours appréciée des locaux. Au restaurant, si l’assiette semble démesurée, optons pour le doggy bag (le serveur ne vous en voudra pas et vous donnera même un tup en aluminium), pratique très courante en Angleterre pour rapporter chez soi les restes du repas.

En pleine nature

En rando dans le bush ou dans les milieux naturels, le bon réflexe ici est de ne pas déranger la faune et la flore et de ne rien prélever. Surtout que ces pays souffrent déjà assez du braconnage qui pille leurs ressources en matière de biodiversité. Emporter ses déchets, ne pas nourrir les animaux, ne pas s’approcher de jeunes animaux même si vous pensez qu’ils sont abandonnés ou perdus, bref, se faire le plus discret possible et se rappeler que : « beautiful things don’t ask for attention ».

Tourisme respectueuxLa nature n’est pas une boutique de souvenirs où l’on peut cueillir, ramasser, mettre en boîte pour rapporter dans notre pays et le montrer telle un trophée. La nature est un écosystème à l’équilibre certes fragile, mais bien présent. Chaque espèce, chaque individu fait partie de cet équilibre et lorsqu’on tue, prélève, abîme, déplace, la balance se dérègle et tout est bouleversé. Et imaginez si chacun agissait de la sorte. Il ne resterait plus une fleur, plus un papillon, plus un caillou !

Lorsque nous nous trouvons nous aussi dans ce milieu naturel, nous faisons partie intégrante de cet écosystème et devons agir avec respect. Et quoi de plus merveilleux que de se déplacer discrètement et de tomber nez à nez avec un buffle des marais, qui s’enfuit, aussi surpris que nous, ou encore de s’arrêter et de prendre le temps de contempler la nature qui s’agite sous nos yeux pour qui sait la voir ? Une photo, un ressenti, une émotion gardée en mémoire sont le plus beau souvenir que nous pouvons ramener.

Espèces en danger

L’homme a décrit jusqu’à présent 1,8 million d’espèces, sur les 50 à 100 millions existantes. 2 % de cette biodiversité seulement a été étudiée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et le constat est accablant : 36 % des espèces évaluées sont menacées, dont certaines en danger critique d’extinction. Ce qui représente 1 mammifère sur 5,  oiseau sur 8, un tiers des amphibiens et 70 % des plantes.

Espèces menacées

Là encore, le touriste peut agir pour protéger la biodiversité et adopter une nouvelle fois les réflexes du touriste responsable. Exemple de choses à éviter :

  • le commerce d’espèces menacées et l’achat (du moins essayez le moins possible) de produits ou souvenirs issus du braconnage ou d’un quelconque trafic (par définition illégal), impliquant la mort d’espèces menacées ou en danger (et donc protégées). Par exemple l’ivoire des éléphants, la fourrure, les cornes (rhinocéros, espèces disparues dans 10 ans), bois, os, etc., mais aussi les bouteilles d’alcools en tout genre dans lesquelles baignent un serpent (souvent un cobra, groupe en déclin), vêtements et accessoires en peau de serpent ou de crocodile, etc. Renseignez-vous sur la provenance, la nature, l’origine (sauvage/élevage), et demandez-vous si votre achat vaut bien le massacre ou la torture engendrée en amont.

Commerce espèces menacées

  • les espèces rares ou menacées dans le pays où vous êtes (certains poissons, gibier, viande de brousse, etc.) et préférez des espèces dont les populations se portent mieux. Attention aussi aux animaux provenant d’élevage : l’hygiène est douteuse et l’alimentation (dont antibiotiques) peut à elle seule vous dégoûter.
Conso-guide des poissons pour une consommation responsable (WWF)
Conso-guide des poissons pour une consommation responsable (WWF)
  • les spectacles avec des animaux (cela vaut pour les cirques en France d’ailleurs) : montreurs d’ours, charmeurs de serpents, balades à dos de chameau ou d’éléphant, nourrissage des dauphins, etc. ces animaux sont souvent arrachés à leur mère dans le milieu naturel, maltraités et gardés captifs toute leur vie. Posez-vous aussi la question si ces animaux sont « faits » pour danser, se balancer au son d’une flûte, transporter des hommes, etc. Idem pour les zoos miteux où les animaux sont maltraités et sous-nourris.
  • les médecines traditionnelles à base de produits animaux : crânes et os en tout genre, notamment de tigre dans les pays asiatiques, têtes de serpents, poudre de cornes (celle de rhinocéros est dite aphrodisiaque, oui bien sûr…), aileron de requin (pour la même raison), etc. Ces « marchés » sont tristes à mourir et de nombreux animaux (certains encore vivants) souffrent de ces croyances (infondées).

Rappelez-vous que s’il y a de la demande il y a de l’offre et que si nous, touristes, nous apprécions et achetons ces produits et spectacles, les « marchands » et braconniers continueront l’exploitation de cette biodiversité en déclin.

Adieu forêt, bonjour huile de palme

Lors de notre voyage en Malaisie, nous avons croisé des étendues de plantations de palmiers à huile, duquel est issue la fameuse huile de palme. Cette dernière est l’huile végétale la plus consommée au monde (25 %), et rentre dans la cuisine traditionnelle africaine, américaine (sud) et asiatique. Dans nos pays (non producteurs), on la retrouve dans quasiment tous les aliments transformés (= industriels). Critiquée à bien des égards (haute teneur en acide gras saturé entre autres), sa plantation constitue une menace importante pour les forêts primaires et notamment celle de Malaisie.

Plantation de palmiers à huile
Plantation de palmiers à huile

Ce pays a déjà perdu 80 % de ses forêts humides primaires, transformées entre autres en immenses plantations de palmiers à huile. L’urbanisation, la riziculture, l’exploitation de bois exotique et le papier sont les autres responsables. Ces monocultures ont évidemment une répercussion néfaste sur la faune et la flore. Nous connaissons tous une espèce victime de cette déforestation massive : l’orang-outang, dont le nom signifie « homme des bois » en malais. Chaque année, 5000 de ces grands singes seraient victimes de l’exploitation des palmeraies.

Déforestation

En France, quand on a sous les yeux un paquet de biscuits contenant de l’huile de palme et que l’on a vu les conséquences à l’autre bout du monde, notre choix est vite fait : c’est non. Ou alors je choisis un produit avec de l’huile de palme issue de forêts gérées durablement. Voyager permet de retracer la route qu’ont pris nos produits, nos vêtements, les composants de nos téléphones, de voir de nos yeux les conséquences de nos gestes, le prix à payer pour ce manteau de fourrure, ces bijoux en ivoire, ces bottes en croco…

Mais n’oublions pas que voyager nous permet également de découvrir des alternatives. Il est possible de faire autrement et nous avons le choix. Adopter le comportement du touriste responsable, écolo et respectueux ne prend pas forcément  de place dans le sac à dos et ne pèse rien, aussi bien dans nos sacs que dans nos consciences. Bien au contraire : on se sent en harmonie avec la nature, faisant partie d’un tout dans lequel nous sommes tous reliés. Pour chaque voyage que nous faisons, nous essayons de garder cet état d’esprit.

Chacun fait ce qu’il peut et le peu qu’il fait est déjà une bonne chose pour la planète.

Terminons sur une petite image pleine d’espoir et de beauté,

Légende du colibri

Certains racontent que chaque animal se sentit alors concerné et fit sa part, chacun à sa manière et que la forêt fut sauvée.

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