[WWOOFing] Cape Tribulation, paradis sauvage entre mer et rainforest

Après trois semaines de wwoofing à Kuranda, il est temps de reprendre LA route pour mettre le cap vers le nord. Précisons bien « LA route », car il n’y a que deux routes conduisant vers le nord, dont une accessible uniquement en 4×4 (la belle affaire, nous qui n’avons même pas de trottinette pour voyager). Prochaine destination : Cape Tribulation !

Sur LA route du nord

Par chance, notre nouvel hôte est venu nous chercher à Cairns et nous avons fait la route avec lui, dans son vieux tacot brinquebalant. Encore une fois nous constatons que les locaux conduisent comme des fous, pestant après les touristes désireux de prendre leur temps (et surtout de ne pas tomber dans le ravin). La route traverse les collines fertiles verdoyantes des Atherton Tablelands, longe la mer qui s’étend à perte de vue et décharge ses voitures et occupants sur un ferry pour effectuer la traversée de la Daintree River.

La route reprend ensuite, bien plus sinueuse, et pénètre dans la forêt tropicale humide ; nous voilà dans le Daintree National Park. Des panneaux indiquent régulièrement l’apparition récente d’un casoar, oiseau géant à casque, emblématique du nord Queensland (eh non, nous n’en avons pas vu 🙁 ; de toute façon, il serait probablement passé sous les roues du tacot…).

Nous quittons la route principale pour emprunter une route toute cabossée (la conduite passe de sportive à carrément hasardeuse), portant le nom de notre hôte (car ce fut lui le premier qui creusa cette route dans la forêt). Au numéro 112, on se demande franchement où l’on a bien pu atterrir : le petit chemin traverse la forêt (un coup d’œil dans le rétro : le tacot traine derrière lui les lianes arrachées sur son passage), à droite une caravane abandonnée, 100m plus loin sur la gauche une grande maison délabrée, et au bout d’une grande allée de cocotiers, la maison de notre hôte.

Un campement dans la forêt tropicale

Robert Rykers, hollandais vegan de presque 90 ans, ancien marin, constructeur de maisons, taxidermiste et j’en oublie sûrement, vit ici depuis plus de 10 ans, dans sa caravane rafistolée posée au centre d’une petite propriété cernée par la forêt tropicale.

Robert

Le petit potager (on en reparlera plus tard) fournit quelques fruits et légumes et l’eau (potable sans traitement) provient directement du ruisseau. Le peu d’électricité disponible provient de panneaux solaires et pour le reste, on fonctionne à la frontale 😉

Robert's home

La nuit, les cochons sont de sortie

Dans un coin, une tente trouée et poussiéreuse, déjà habitée par une population grandissante de souris et cafards, censée être notre pieu conjugal. Un coup d’œil fut suffisant : ok ! On démonte vite fait bien fait ce trou à rats (c’est le cas de le dire) pour monter notre petite tente !

Robert's house
Notre petite tente (à g.) !

Le soleil se couchant à 18h, on était généralement couchés à… 18h. C’est quand la faune nocturne se réveille que l’on réalise que l’on se trouve en pleine forêt tropicale… Entre les rots et les couinements assourdissants des « wild pigs » (cochons sauvages peu avenants) qui viennent mâchonner bruyamment des noix de coco à 2m de notre tête, les pas précipités des souris tournant autour de notre tente, les « tok tok » (c’est son cri) du gecko qui grimpe sur la moustiquaire, les « snurf snurf » du bandicoot (gros rat marsupial à nez pointu) creusant des tranchées dans le jardin, les « goulou goulou cot cot » de la pintade du bush (voir photo ci-dessous) et les innombrables cris, chants, piaillements d’oiseaux en tout genre, comment espérez-vous dormir en toute quiétude et en parfaite sécurité ?

Bush Turkey (Alectura lathami)
Australian Brush-Turkey (Alectura lathami)

Ah, j’oubliais aussi les « boums » des énormes noix de coco s’écrasant au sol après une chute de 12m. De toute façon, personne (hormis un touriste oisif, paix à son âme) ne serait assez fou pour flâner dans l’allée des cocotiers trop longtemps.

Ma foi, on a plutôt bien dormi une fois qu’on a compris qu’à part les moustiques, les « sand flies » (mini mouches noires suceuses de sang et faisant des boutons, bref un fléau supplémentaire) et les fourmis rouges, rien ne pouvait traverser notre moustiquaire. De toute façon, un cochon n’aurait pas tenu entier dans notre mini tente.

En parlant de cochons, c’est pour les tenir éloignés de la propriété qu’une palissade de tôles a été construite.

Les « bush toilets »

Comble du luxe, il y a une douche, certes froide car c’est l’eau de la rivière, mais en plein air et s’avérant être un emplacement stratégique pour observer les oiseaux dans la forêt tropicale.

Pour les toilettes, en revanche, c’est un peu plus rocambolesque. Il faut sortir de la propriété et s’aventurer bravement à la lampe frontale dans la forêt tropicale jusqu’aux « bush toilets », nom savant pour désigner un tas de terre avec une pelle. Les « bush toilets » sont donc en territoire cochon. Inutile de préciser que j’ai banni toute tisane après 17h pour éviter une virée nocturne en pleine forêt…

Nous vous proposons de faire avec nous un petit tour de la propriété en regardant la vidéo (lien ci-dessous) :

Petite vidéo de #CapeTribulation (nord-est du Queensland), où nous avons passé 3 semaines en #wwoofing. Depuis ce matin, nous sommes de retour à la civilisation, à #Cairns 😉

Posted by 2 végétariens on the road on Thursday, 30 April 2015

Jardinage dans le « veggie garden »

Bien que petit, le potager (ou « veggie garden ») produit de quoi se faire des bons repas équilibrés. On y trouve du taro (Colocasia sp.), tubercule rosé cousin de la patate douce, et qui, bouilli ou à la vapeur, est délicieux ; des mini aubergines et des plantes vertes inconnues (des épinards selon notre hôte, mais qui n’en sont pas, j’ai vérifié 😉 ).

Tarot

Les cocotiers fournissent régulièrement (à chaque « boum ») une cargaison de coco qu’il nous faut éplucher à grand renfort de muscles, creuser un trou pour boire le jus (miam) et casser en deux pour accéder à la chair blanche. Le taro, écrasé et mélangé avec les feuilles vertes coriaces coupées finement et la coco fraichement râpée, est tout simplement délicieux.

Noix de coco

Cependant, manger du taro et de la verdure inconnue matin midi et soir devient rapidement lassant. Un ravitaillement au supermarché de Cairns s’impose alors, qui est en fait toute une expédition avec départ avant le lever du soleil. Chaque semaine donc, nous retournons brièvement en territoire civilisé voir nos concitoyens citadins.

Robert dispose aussi de quelques plants de bananes (encore vertes :( ) et de canne à sucre dont le tronc fournit un jus sucré verdâtre, boisson du Queensland au vu des nombreuses plantations de canne à sucre qui s’étendent sans fin sur tout le territoire.

Canne à sucre
Canne à sucre

Ensemble, nous avons désherbé et préparé deux carrés de terre afin d’y planter quelques légumes. Robert n’utilise pas de produit chimique et concocte lui-même son propre fertilisant : macérât de compost et d’algues marines (l’odeur est pire que le purin d’orties) qui sera mélangé au sol préalablement remué et aéré.

Les radis et salades peuvent maintenant être plantés ! Mais attention, on ne plante pas quand le sol est trop collant et humide, ce qui est difficile en cette période de l’année vu qu’on est en pleine saison humide. Enfin, une fine couche de « mulch », feuilles séchées, est déposée afin de protéger les plantations.

Radis

Comme un air de vacances…

Le travail, vous l’aurez compris, n’étant pas éreintant, ça nous laissait pleinement le temps d’explorer les alentours et d’aller se balader. Surtout que la mer n’est qu’à 20m de la maison :) Une fois les palissades anti-cochons franchies, l’allée de cocotiers rapidement traversée, nous atterrissons sur une plage de sable fin, face à la mer.

Mangroves

À marée haute, toute la plage est engloutie, mais à marée basse, la mangrove refait surface. Des petits arbres à racines aériennes s’élèvent de-ci de-là, le récif apparait au loin, peuplé d’oiseaux et de crabes, et les rivières d’eau douce réapparaissent, se déversant dans la mer. Voir notre galerie photo “10 regards sur les mangroves de Cape Tribulation”.

Creek

Les touristes n’étant déjà pas très nombreux, il suffit de s’éloigner un peu pour avoir la plage pour nous tous seuls. On pouvait alors observer les oiseaux en toute tranquillité : le Balbuzard pêcheur qui plonge dans l’eau dans un grand splatch toutes serres sorties, mais malheureusement pour lui, il ressort de l’eau dégoulinant et sans poisson ; un petit héron tout bossu couleur de roche qui scrute les mares à la recherche de poisson ; les aigrettes de récif, noir bleuté, qui n’hésitent pas à s’avancer dans la mer jusqu’aux plumes pour pêcher ; le martin-pêcheur au sourcil fauve, etc.

Sacred Kingfisher (Todiramphus sanctus)

À chaque balade, on croisait une espèce que l’on n’avait encore jamais vue :) La plus belle rencontre fut cette tortue marine, pêchant dans les récifs à marée basse, qui est venue respirer juste devant nous, lente et majestueuse, avant de s’éloigner vers la haute mer. Moment d’une grande poésie.

Lace Monitor (Varanus varius)

La plupart du temps, nous revenions trempés jusqu’aux os car en cette saison les averses sont nombreuses et avant de s’en rendre compte, la pluie nous a déjà surpris. Question baignade, aucun touriste dans l’eau, et pour cause, des panneaux avertissent de la présence (occasionnelle) de crocodiles marins et de méduses-boîtes, les deux étant mortels quand on croise leur chemin (ou leurs tentacules).

Bien que pas rassurés et constamment sur nos gardes, nous sommes quand même allés patauger en pleine mer, avec pour seule compagnie une myriade de petits poissons colorés venus brouter nos peaux mortes :)

Alison

Van et les poissons

Ces 3 semaines de wwoofing à Cap Tribulation ont été un chouette moment, entre mer et forêt tropicale, sous un vent de solitude et de senteurs sauvages. Ne pouvant aller plus loin vers le nord sans voiture, nous redescendons vers Cairns, retrouver la ville et nos semblables. Mais ça, c’est une autre aventure et un prochain article ;)

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4 comments

  1. Salut les jardiniers du bush,
    Super votre voyage a l’air de bien se passer.
    ça me donne faim tout ces fruits… Mais à quand le crocodile au tournebroche?!

    Profitez bien!

    • Encore faut-il l’attraper le crocodile !^^ merci pour ce petit commentaire David, ça fait plaisir et c’est chouette que tu nous suives ! En espérant que tout se passe bien pour toi, des gros bisous du bush ! 😉

  2. Toujours un plaisir de lire vos articles! Je prends des notes!!
    Ce sont de grands moment privilégiés avec la nature que vous vivez là 🙂
    Pour la nourriture, est ce que tu aurais du temps pour faire une page recette?
    J’ai conseillé votre blog à ma cousine qui rêve de voyage et qui s’envolera pour l’Australie au mois de Novembre 🙂
    Hâte de lire la suite!

    • Merci pour ton message Mama ! On essaye à chaque fois de faire des articles sur la gastronomie mais ici en Australie les spécialités végétariennes sont un peu limitées :s On sera normalement en Indonésie en fin d’année et là je pense qu’on aura davantage matière à écrire 🙂 Tu aimerais une page recette sur l’Australie spécifiquement ?
      Gros bisous à toi, bon voyage à ta cousine (qu’elle n’hésite pas si besoin) et continue de nous suivre c’est chouette !!

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