[WWOOFing] Jardiniers de la rainforest : un boulot sans fin

Ne l’oublions pas, nous sommes ici pour travailler. Après tout, WWOOFing signifie Willing Work On Organic Farms. A nous donc pelle, râteau, brouette et compagnie et hop au boulot ! Le travail dans une ferme est physique, assez varié et il y a toujours quelque chose à faire.

Le matos du jardinier !

Ici, à Kuranda, nous ne sommes pas dans une ferme car il n’y a pas vraiment de fruits/légumes à ramasser, mais dans un grand jardin bordant la forêt tropicale. Le travail consiste donc, pour résumer les choses simplement, à empêcher la forêt (et la nature ô combien sauvage, incontrôlable et indomptable) de reprendre ses droits sur le beau jardin propre établi par l’homme.

Le jardinage version australienne

Sus aux palmiers épineux !

Nous avons donc passé plusieurs jours en bordure de forêt tropicale (ce qu’ils appellent ici la « rainforest ») à désherber. Ah ! On vous entend déjà rigoler : « désherber, c’est facile ça et pas fatiguant ! ». Que nenni ! Car il ne s’agit pas d’arracher quelques frêles plantouses, voyez-vous. L’ennemi ici est omniprésent, il se faufile partout, s’accroche aux pauvres arbres innocents et les escalade sans ménagement pour profiter du soleil de la canopée. Il est résistant et possède en plus une arme redoutable capable de décourager quiconque espérerait s’attaquer à lui. Cet ennemi, le voici : le palmier épineux (appelé naïvement « palmier grimpant » par les locaux). Ah ah, vous commencez à frémir !

Palmier grimpant (Calamus australis)
Palmier grimpant (Calamus australis), endémique du Queensland

Si vous regardez ce charmant palmier d’un peu plus près, vous verrez qu’il est recouvert d’épines, des troncs jusqu’aux feuilles (oui oui, les feuilles aussi). Il possède en plus des lianes très longues (jusqu’à 6m) et très fines munies de crochets permettant au palmier de s’accrocher aux autres arbres pour leur grimper dessus, toujours plus haut, toujours plus proche du soleil. Et ça marche : si on lève la tête, il est partout et recouvre toute la canopée. Après avoir dit ça, pas un de vous n’aimerait être à notre place.

Palmier grimpant

Palmier

Bref, quand faut y aller, faut y aller. Pantalon et chemise seront notre cotte de maille et en guise de heaume coiffons notre bob. Un sécateur dans une main, une scie dans l’autre, nous nous avançons d’un pas ferme et décidé dans cette forêt hostile et épineuse.

La forêt avant notre passage...
La forêt avant notre passage…

Taillons, arrachons, scions, ratiboisons, tirons sur les lianes pour les faire tomber. Gare aux lianes crochetées, car si on s’accroche dedans elles arrachent toute la peau ! Et plus on taille, plus le sol semble s’élever sous nos pieds, jonché de cadavres de palmier. Bref, on a fait un véritable carnage. Mais la forêt respire tout à coup ! Le soleil pénètre à nouveau ! Mission accomplie !

et après notre passage !
… et après notre passage !
Éradication du palmier épineux !
Veni, vidi, vici.

A bas les lianes

Rayon désherbage, on a dû éradiquer d’autres envahisseurs indésirables comme les lianes, en arrachant tout le système racinaire (oui, les jardiniers peuvent être belliqueux et sans merci), ou d’autres herbes plus grandes que nous.

Parcelle après notre passage
Parcelle après notre passage

 Planter les arbres fruitiers

Ah, enfin un wwoofing pacifiste ! Jeunes arbres fruitiers, plantes décoratives, gingembre… c’est chouette de planter 🙂 Même les ananas y sont passés ! On utilise pour ça les queues des ananas (récupérées sur les marchés) et après avoir arraché quelques feuilles extérieures du trognon, on peut les planter. Cette méthode, bien qu’économique, demande 3 ans avant d’avoir des ananas mâtures et ces derniers seront de petite taille. Mais en attendant, ça délimite et décore joliment une parcelle de jardin.

Pour les jeunes arbres fruitiers, qui demandent un peu plus de soins, une petite couche de compost est déposée au fond du trou (pas trop car étant en décomposition il réchauffe la terre) avant d’y mettre le plant. Une fois en terre, du journal est étalé autour et le tout est recouvert d’une couche de débris végétaux en décomposition, permettant de garder l’humidité et d’éviter que d’autres indésirables poussent à côté du jeune arbre. C’est le « mulching », ou encore le paillage. Si le compost nourrit le sol et la plante, le mulch les protège.

Jeune plant de rollinia recouvert de mulch
Jeune plant de Rollinia (cousine de l’annone) recouvert de mulch

En plus de tout ça, le wwoofer ratisse le jardin, s’occupe du compost et au cours d’un détour ramasse les fruits de la passion tombés durant la nuit.

« Landscaping »

Le landscaping signifie “aménagement du paysage”. Le côté obscur et destructeur du jardinier revient alors avec cette nouvelle mission : déterrer des troncs. Bien vivant et bien décidé à ne pas sortir de son trou, l’un d’entre eux nous a pris une semaine avant de capituler. Après avoir creusé un trou de plus d’1m de profondeur, mis les racines à nues avant de les scier, on a enfin pu sortir le tronc en l’arrimant à la voiture. Pfiou !

Le jardinier australien est aussi bûcheron à ses heures perdues 😉

Van et Zalan en plein déterrage de tronc
Van et Zalan en plein déterrage de tronc
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Tâches ménagères

Faire du wwoofing c’est aussi s’occuper de la maison : balayage, vaisselle, dépoussiérage du hangar (enfin, il y avait tellement de poussière avec entre autres un nid d’oiseau et un crapaud crevé que je me demande si « dépoussiérage » est le bon mot…), etc.

La voisine d’en face m’a d’ailleurs « empruntée » pour une matinée de nettoyage (ô joie) dans sa maison : « You obviously found a job ! » me dit notre hôte tout content, « Obviously, yes, thank you for asking me first »…

A la découverte des p’tites bêtes

Un des aspects intéressant du wwoofing, c’est qu’à force de remuer la forêt, forcément, on déloge tout un tas de petites bêtes. C’est l’occasion pour le wwoofer (quand il ne panique pas) de souffler un peu et pour le naturaliste d’observer une énorme araignée, une chenille fluo, une sauterelle épineuse ou encore le kookaburra qui semble se payer notre tête. Galerie naturaliste à venir…

Autre habitant moins sympathique : la fourmi. Verte, grosse noire, mini rouge, noire et rouge haute sur pattes, toutes sont agressives et leur morsure fait un mal de chien. Fuyons !

Laughing Kookaburra (Dacelo novaegianea)
Laughing Kookaburra (Dacelo novaegianea)
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Après 18 jours à Kuranda, nous mettons le cap vers le nord-est du Queensland, à Cape Tribulation ! Article en cours de rédaction…

Conseils pour le wwoofer :

  • Pantalon et manches longues pour le travail en forêt (ou porter des guêtres comme les locaux)
  • Amener ses propres gants de jardinage (solides)
  • S’accorder au préalable avec l’hôte sur le nombre d’heures de travail
  • Prendre son temps pour travailler car il y aura toujours des choses à faire !

 

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4 comments

  1. fastoche tout ça, suis volontaire pour venir déguster les ananas, enfin dans 3 ans.
    Lèlette

  2. A la lecture du titre et du mot “boulot”, j’ai d’abord cru que vous vous étiez fait pirater votre blog (bloody pirats !) mais en fait non je reconnais bien là l’humour de ma soeurette et mon beauf tout bronzé en photo !

  3. Bonjour Alison!
    Ouf, moi qui a gardé des souvenirs un peu contradictoires devant la jungle au Guatemala (“devant” parce que Thomas n’a pas réussi à me convaincre d’y passer la nuit), je suis assez impressionnée par vos exploit! Depuis trois jours, armée d’un couteau je mène la guerre aux pissenlits du jardin, bien décidés à y rester (si c’est le cas, la prochaine fois ils irons dans nos assiettes car je n’aurai pas le même courage!), je relativise un peu… Nous ne sommes que petites natures, les jardiniers européens. Je le savais déjà mais je n’imaginais pas l’envergure réelle de la chose. Bon courage! J’espère que vous aurez un hôte moins perfectionniste la prochaine fois. Bonne route! Génia

    • Salut cousine !
      Es-tu venue à bout des pissenlits ? c’est d’ailleurs très bon le pissenlit en tisane ou en fleur dans une salade 😉 On apprend à sortir de notre zone de confort et on s’habitue vite au changement après quelques jours, dormir en pleine nature quel plaisir ! Appartenir à un grand tout et se sentir tout petit dans cette nature vaste et infinie et ne faire qu’un avec elle…
      Gros bisous à tous les deux et aux garçons !

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